Le Jazz Festival 2025 secoue l’Afrique et Niamey

Fairfair, Journaliste
25 Apr. 2025
Vendredi 25 avril, 15 h dans le quartier Yantala de Niamey : les motos-taxis klaxonnent pendant qu’un haut-parleur grésille devant une gargote. Sur l’écran d’un vieux smartphone, des élèves regardent passer une girafe de quatre mètres de haut dans les ruelles de Lagos. C’est la tournée The Herds, une caravane d’animaux-marionnettes qui a rassemblé plus de 5 000 curieux la veille dans le quartier flottant de Makoko . À plus de 6 000 km de là, à 17 h précises, les portes du Cape Town International Jazz Festival (CTIJF) s’ouvrent au Cap pour sa 22ᵉ édition . Même journée, même continent : l’art circule et, grâce aux vidéos partagées sur WhatsApp, il atterrit presque en temps réel sur les rives du fleuve Niger.
SOMMAIRE A IMPORTER

Un festival qui démarre fort

  • 30 artistes attendus sur quatre scènes du CTICC, de Black Coffee à Ari Lennox .
  • Collaboration inédite entre le DJ sud-africain Black Coffee et le pianiste Nduduzo Makhathini, annoncée comme l’un des temps forts du week-end .
  • Plus de 35 000 visiteurs sont espérés, confirmant la réputation de « Grand-rendez-vous de l’Afrique » que le festival s’est taillée depuis 2000.

Sur place, les billets « Festino » du vendredi affichaient complet dès la fin de matinée sur Ticketmaster . L’organisateur espAFRIKA promet un son « où l’héritage rencontre demain ». Pour beaucoup de mélomanes nigériens expatriés dans le Sud, c’est l’occasion de retrouver des rythmes afro-jazz voisins de ceux qu’on entend dans les “maquis” de Niamey le samedi soir.

Des marionnettes géantes qui parlent climat

Alors que les saxos s’accordent au Cap, Lagos vibre toujours sous le passage de The Herds. Entamée à Kinshasa le 10 avril, la marche de 20 000 km emmènera girafes, buffles et éléphants factices jusqu’au cercle Arctique en août . Le directeur artistique Amir Nizar Zuabi résume l’idée : « Les images touchent là où les chiffres n’y arrivent pas » .

Pour les familles nigériennes de la vallée du Niger, ces animaux qui « fuient » symboliquement la sécheresse résonnent fort : la crue irrégulière de 2023 a déjà poussé des centaines de foyers de Goudel vers des abris provisoires. Les enseignants du lycée Issa Béri ont d’ailleurs téléchargé les vidéos pour lancer un débat en cours de géographie, preuve qu’une performance de rue peut voyager plus vite que ses marionnettes.

Ce que ça change dans le quotidien ici

  • Transports collectifs : plusieurs conducteurs de Sotrama nigériens installés à Lagos profitent de l’affluence autour du spectacle pour doubler leurs recettes du jour, selon l’association des chauffeurs africains .
  • Petits commerces : à Niamey, la boutique de musique Ténéré a vu son stock de compilations “Jazz d’Afrique” fondre de moitié depuis l’annonce du festival au Cap le mois dernier .
  • Jeunes artistes : l’atelier de percussions du CCFN Jean-Rouch prépare un “set” inspiré des rythmes amapiano de Kelvin Momo, tête d’affiche du CTIJF .

Paroles de terrain

« On ne peut pas aller jusqu’au Cap, mais la musique franchit la frontière sans visa », sourit Aïcha, vendeuse de pagnes au marché Katako, qui diffuse les concerts via une petite enceinte Bluetooth.

« Voir ces animaux en carton traverser Lagos me rappelle nos inondations : si on ne réagit pas, c’est nous qui devrons marcher un jour », confie Abdou, étudiant en agronomie après avoir partagé la vidéo de la girafe sur un groupe Telegram.

Pourquoi ces événements comptent pour le Niger

  1. Visibilité internationale des artistes ouest-africains : la présence de la chanteuse sud-africaine Thandiswa Mazwai et du collectif Plurism, mêlant musiciens du Sahel, ouvre des scènes autrefois réservées aux big-bands américains .
  2. Éducation informelle : la tournée The Herds propose des ateliers de fabrication de marionnettes à chaque étape, Lagos compris, où des bénévoles d’Afrique de l’Ouest ont appris à utiliser uniquement des matériaux recyclés .
  3. Tourisme régional : des agences de voyage basées à Niamey proposent déjà un combiné “Cap & Namibie” pour 2026, surfant sur l’image du CTIJF comme porte d’entrée culturelle vers l’Afrique australe .

Ce qu’il faut retenir

  • Culture vivante : en moins de 48 h, le continent a vu défiler la plus grande parade de marionnettes animales d’Afrique et rouvrir l’un de ses festivals de jazz les plus courus.
  • Résonance locale : vidéos partagées, disques vendus, débats scolaires : ce qui se passe au Cap ou à Lagos atterrit aussitôt dans les rues de Niamey.
  • Message commun : qu’il s’agisse de musiciennes sur la grande scène Rosies ou d’éléphants de carton dans une ruelle, l’art rappelle que climat, identité et économie sont désormais mêlés dans le même rythme.

Sur la berge, le soleil tombe derrière l’hôtel Gaweye. Les échos d’un solo de trompette capté en direct du Cap se mêlent aux rires des enfants qui imitent la marche d’un zèbre de papier. Ce soir, Niamey aussi a rendez-vous avec la scène.

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

  1. Accueil
  2. /
  3. Culture
  4. /
  5. Le Jazz Festival 2025 secoue l’Afrique et Niamey