Douze soldats tombés à Sakoira
Vendredi soir, une unité des Forces de défense et de sécurité engagée dans l’opération Almahaou a été surprise par des assaillants dissimulés parmi des campements nomades, à 10 km au nord de Sakoira, dans la région de Tillabéri.
- Les tirs ont duré plus d’une heure, avant l’arrivée de renforts aériens et terrestres.
- 12 militaires ont perdu la vie ; plusieurs autres sont blessés.
- Deux suspects ont été capturés et remis au renseignement territorial.
Des habitants de Kollo décrivent des check-points improvisés et des véhicules militaires filant vers le nord. Mariama, vendeuse de beignets, confie : « On a beau dire sai hankuri, le courage, mais nos enfants ont peur de prendre la route pour l’école. »
Un réseau foncier démantelé
Samedi matin, la Direction de la police judiciaire a annoncé l’interpellation de 22 personnes — fonctionnaires, agents municipaux, promoteurs et démarcheurs — à Niamey et dans la commune rurale de Karma.
- 2 308 faux actes de cession et 77 titres fonciers ont été saisis.
- Les enquêteurs ont trouvé 23,5 millions FCFA en espèces et 20 cachets officiels contrefaits.
- Les faux portaient sur des lotissements prisés comme Tondikoirey-Banizoumbou et Cité du Progrès.
Pour Abdoul, jeune maçon de Kalley Plateau, la nouvelle tombe comme un couperet : « Je paie un prêt pour un terrain qui risque d’être annulé. Si l’acte est faux, je perds tout. »
Colère et questions dans les quartiers
Les deux affaires ravivent un sentiment d’insécurité global. À Niamey-Rimani, chauffeurs de taxi-motos et étudiants listent ce qui les frappe :
- Routes barrées sur l’axe Niamey-Ouallam après l’attaque, retardant l’acheminement des légumes vers le marché Katako.
- Prix des loyers en hausse malgré la fraude dévoilée, faute d’offre légale suffisante.
- Rumeurs persistantes autour de la dissolution contestée des partis politiques qui alimente la méfiance envers les autorités.
Dans les débats de quartier, le refrain est le même : « On ne demande pas la lune, juste de dormir en paix et d’avoir un toit régulier », résume Aïcha, mère de trois enfants au secteur Lazaret.
Ce que fait l’État pour rassurer
- Renforts de la Garde nationale déployés dès l’aube autour de Sakoira et sur la RN 1.
- Annonce d’un guichet unique du foncier pour vérifier la validité des actes dès la semaine prochaine à l’hôtel de ville.
- Promesse d’une enquête parlementaire sur la gestion des réserves foncières — un engagement salué, mais attendu de pied ferme par les organisations citoyennes.
Paroles de terrain
« Quand un soldat tombe, c’est tout le village qui sent le deuil. Quand un terrain disparaît, c’est tout un foyer qui s’écroule. » — Souleymane, enseignant à Sakoira
« Ils ont falsifié jusqu’aux cachets de l’État ! On confie nos économies à des papiers fantômes, voilà la vraie insécurité. » — Hadiza, vendeuse d’épices à Niamey
La confiance, enjeu numéro un
En quarante-huit heures, Tillabéri et Niamey ont montré deux faces d’une même urgence : protéger les vies et protéger le patrimoine des familles. Tant que les autorités ne traduiront pas leurs promesses en actes visibles — routes sûres, lotissements transparents, justice rapide — la conversation du soir restera dominée par la peur et la suspicion. Mais au milieu des nuages, les habitants continuent de miser sur la solidarité : collecte de sang pour les blessés, tontines pour récupérer les mises perdues, et cette phrase qui boucle chaque discussion : « Niger, sai manna ! — le Niger tiendra bon. »
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