Attaque à Sakoira et scandale foncier secouent le Niger

Fairfair, Journaliste
28 Apr. 2025
Ce dimanche midi à Sakoira, un hameau poussiéreux posé sur la route nationale 1, la fumée d’un blindé calciné se mêle encore au vent du Sahel. À quelques centaines de kilomètres, les rues de Niamey bruissent d’un autre tumulte : habitants exaspérés, fonctionnaires inquiets et petits commerçants commentent l’arrestation d’une vingtaine d’agents impliqués dans la vente illicite de parcelles. En moins de 48 heures, le pays a encaissé deux coups durs qui pèsent directement sur la sécurité, le porte-monnaie et la confiance des ménages.
SOMMAIRE A IMPORTER

Douze soldats tombés à Sakoira

Vendredi soir, une unité des Forces de défense et de sécurité engagée dans l’opération Almahaou a été surprise par des assaillants dissimulés parmi des campements nomades, à 10 km au nord de Sakoira, dans la région de Tillabéri.

  • Les tirs ont duré plus d’une heure, avant l’arrivée de renforts aériens et terrestres.
  • 12 militaires ont perdu la vie ; plusieurs autres sont blessés.
  • Deux suspects ont été capturés et remis au renseignement territorial.

Des habitants de Kollo décrivent des check-points improvisés et des véhicules militaires filant vers le nord. Mariama, vendeuse de beignets, confie : « On a beau dire sai hankuri, le courage, mais nos enfants ont peur de prendre la route pour l’école. »

Un réseau foncier démantelé

Samedi matin, la Direction de la police judiciaire a annoncé l’interpellation de 22 personnes — fonctionnaires, agents municipaux, promoteurs et démarcheurs — à Niamey et dans la commune rurale de Karma.

  • 2 308 faux actes de cession et 77 titres fonciers ont été saisis.
  • Les enquêteurs ont trouvé 23,5 millions FCFA en espèces et 20 cachets officiels contrefaits.
  • Les faux portaient sur des lotissements prisés comme Tondikoirey-Banizoumbou et Cité du Progrès.

Pour Abdoul, jeune maçon de Kalley Plateau, la nouvelle tombe comme un couperet : « Je paie un prêt pour un terrain qui risque d’être annulé. Si l’acte est faux, je perds tout. »

Colère et questions dans les quartiers

Les deux affaires ravivent un sentiment d’insécurité global. À Niamey-Rimani, chauffeurs de taxi-motos et étudiants listent ce qui les frappe :

  • Routes barrées sur l’axe Niamey-Ouallam après l’attaque, retardant l’acheminement des légumes vers le marché Katako.
  • Prix des loyers en hausse malgré la fraude dévoilée, faute d’offre légale suffisante.
  • Rumeurs persistantes autour de la dissolution contestée des partis politiques qui alimente la méfiance envers les autorités.

Dans les débats de quartier, le refrain est le même : « On ne demande pas la lune, juste de dormir en paix et d’avoir un toit régulier », résume Aïcha, mère de trois enfants au secteur Lazaret.

Ce que fait l’État pour rassurer

  • Renforts de la Garde nationale déployés dès l’aube autour de Sakoira et sur la RN 1.
  • Annonce d’un guichet unique du foncier pour vérifier la validité des actes dès la semaine prochaine à l’hôtel de ville.
  • Promesse d’une enquête parlementaire sur la gestion des réserves foncières — un engagement salué, mais attendu de pied ferme par les organisations citoyennes.

Paroles de terrain

« Quand un soldat tombe, c’est tout le village qui sent le deuil. Quand un terrain disparaît, c’est tout un foyer qui s’écroule. » — Souleymane, enseignant à Sakoira

« Ils ont falsifié jusqu’aux cachets de l’État ! On confie nos économies à des papiers fantômes, voilà la vraie insécurité. » — Hadiza, vendeuse d’épices à Niamey

La confiance, enjeu numéro un

En quarante-huit heures, Tillabéri et Niamey ont montré deux faces d’une même urgence : protéger les vies et protéger le patrimoine des familles. Tant que les autorités ne traduiront pas leurs promesses en actes visibles — routes sûres, lotissements transparents, justice rapide — la conversation du soir restera dominée par la peur et la suspicion. Mais au milieu des nuages, les habitants continuent de miser sur la solidarité : collecte de sang pour les blessés, tontines pour récupérer les mises perdues, et cette phrase qui boucle chaque discussion : « Niger, sai manna ! — le Niger tiendra bon. »

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