Sécurité et solidarité au Niger : lampadaires, soins et risque

Fairfair, Journaliste
6 May. 2025
Jeudi en début de soirée, à l’entrée de Niamey, des techniciens s’affairaient autour de nouveaux lampadaires solaires, tandis qu’à plus de 1 000 km à l’ouest, sous la lueur de la lune, un accrochage tragique se jouait près de Niakatiré, dans la région de Tillabéri. Ces deux scènes simultanées témoignent de la dualité du Niger actuel : entre défis sécuritaires et initiatives locales pour améliorer la vie quotidienne.

Un soldat tué près de Niakatiré

Samedi 3 mai, vers 22 h 24, un engin explosif improvisé a visé un véhicule militaire à la sortie de Niakatiré, dans la région de Tillabéri, causant la mort instantanée d’un soldat. Cette attaque s’inscrit dans la litanie d’embuscades le long de l’axe Niamey–Mali, où les groupes armés exploitent la porosité de la frontière et l’isolement des campements pour tendre leurs pièges. Pour les familles de la région, c’est un rappel brutal de la vulnérabilité des populations et des forces de défense face à ces menaces asymétriques.

Impacts pour la population locale

Depuis cet incident, les habitants des villages voisins, souvent dépourvus d’une présence sécuritaire suffisante, vivent dans la crainte de nouvelles attaques. Les déplacements nocturnes se sont fortement réduits : de nombreux commerçants signalent une chute de plus de 30 % de leur chiffre d’affaires en soirée, tandis que les écoles et dispensaires ferment régulièrement par mesure de précaution, privant enfants et patients des services essentiels.

Un éclairage solaire pour renforcer la sécurité

Lundi 5 mai, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a inauguré l’installation de 350 lampadaires solaires dans plusieurs quartiers sensibles de Niamey, notamment à Tondibia, Sabon Wra et Yantala. Fonctionnant sans raccordement au réseau électrique national, ces lampadaires garantissent un éclairage constant la nuit et visent à réduire les vols à l’arraché ainsi que la peur des habitants lors de leurs déplacements après la tombée du jour. Plus de 120 jeunes locaux ont été formés pour installer et entretenir ces équipements, acquérant ainsi une première expérience professionnelle et un revenu durable.

À Yantala, Aïcha, commerçante au marché, confie : « Avant, on rentrait chez nous à la vitesse de l’éclair ; désormais, je fais mes courses en toute confiance. » Mamadou, chauffeur de taxi, souligne que ces lampadaires représentent un espoir avec moins d’accidents dus à l’obscurité et une activité qui reprend en soirée. Les associations de quartier envisagent déjà d’étendre ce modèle à d’autres arrondissements.

Un camp de soin gratuit pour la cataracte à Dosso

Depuis le 30 avril et jusqu’au 5 mai, la préfecture de Dosso accueille une campagne humanitaire de traitement de la cataracte, financée par un partenariat international. L’objectif est de consulter 5 000 personnes et d’opérer 400 cas nécessitant une intervention chirurgicale. À mi-parcours, plus de 3 200 patients ont été examinés et près de 250 opérations sont déjà programmées pour cette semaine. Ceux qui n’ont pas besoin d’opération repartent avec des lunettes correctrices et des médicaments adaptés, répondant ainsi à un besoin où plus de 10 % de la population active souffre de troubles de la vision non traités.

Fatimata, agricultrice à Gaya, raconte qu’elle a retrouvé la vue après dix ans d’ombres : « Je peux enfin reprendre la couture ». Les autorités sanitaires estiment que cette amélioration de la vision favorisera une meilleure productivité et un accès plus aisé aux activités génératrices de revenus. Parallèlement, les nombreux jeunes bénévoles formés à l’accueil et à la sensibilisation valorisent leur rôle dans cette mission solidaire.

Ce croisement entre menace terroriste, actions de sécurisation et initiatives sociales illustre la résilience des Nigériens. Là où un soldat tombe, la communauté se mobilise pour éclairer les rues et protéger les citoyens. Là où la vision s’obscurcit, des camps de soins reviennent la rendre claire, permettant à chacun de continuer à travailler et à rêver. Les jeunes, formés et employés sur ces projets, deviennent de véritables acteurs de la transformation locale.

« Ici, chacun fait sa part », affirme un chef de quartier à Niamey, « pour que nos enfants puissent grandir sans peur ».

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

  1. Accueil
  2. /
  3. Actus Niger
  4. /
  5. Sécurité et solidarité au Niger : lampadaires, soins et risque