Le film du match
Le Mena a imposé un pressing prudent, laissant le ballon aux Red Sea Boys avant de piquer en contre. La plus grosse occasion nigérienne arrive à la 38ᵉ minute : centre de Boubacar Goumey, reprise d’Adje Adebayor repoussée par le gardien Nahom Tesfamicael. En face, la frappe flottante d’Ali Sulieman (67ᵉ) est claquée par Kassaly Daouda. Aucun carton rouge, un rythme correct pour des sélections qui manquaient de repères, mais un public conquis par l’intensité.
Un retour historique pour l’Érythrée
Célébrer l’Indépendance du 24 mai 1993 avec du football : c’était la volonté affichée par Asmara. Depuis la défaite 0-1 contre le Soudan en janvier 2020, aucun match n’avait plus été autorisé, par crainte de nouvelles désertions de joueurs. Le gouvernement a finalement validé ce mini-tournoi à huis-partiellement ouvert avec le Niger et le Soudan du Sud pour redorer l’image du pays, tout en limitant les voyages à l’étranger.
Ce que retient le Niger
Niamey se concentre déjà sur la double journée de qualifications au Mondial 2026 début juin à Rabat. Pour Badou Zaki, cet aller-retour express en Érythrée offre trois enseignements :
- la charnière Sambo – Issoufou tient la route ;
- le couloir gauche manque encore d’automatismes ;
- Adebayor a besoin de soutien dans les 20 mètres.
« On voulait vérifier notre état d’esprit hors de nos bases ; c’est chose faite », souffle le sélectionneur, qui libère son groupe pour 24 h avant la reprise à Niamey.
Mini-tournoi : pourquoi ça compte chez nous ?
À Niamey, Zinder ou Maradi, ce nul nourrit plusieurs attentes concrètes :
- Motivation des jeunes : dans les académies, les entraînements de mardi matin se sont ouverts par une minute d’applaudissements pour les seniors.
- Économie locale : les boutiques d’articles de sport annoncent déjà une ristourne sur les maillots « Mena 2025 ».
- Cohésion sociale : les radios communautaires diffusent les réactions d’auditeurs ravis de reparler football plutôt que hausse des prix du mil.
Paroles de terrain
« On sent qu’on peut voyager sans perdre nos repères. Le but viendra, mais on a gagné en confiance », résume le milieu Youssouf Oumarou, rejoint par des enfants qui réclament des selfies devant les bus.
Du côté des Red Sea Boys, le capitaine Robel Teklemichael savoure : « Entendre notre hymne à domicile après tant d’années… ça vaut une victoire. »
Et maintenant ?
Le Niger rentre ce mardi soir via Addis-Abeba, avec une séance vidéo prévue mercredi à 17 h pour analyser les phases arrêtées. Vendredi, direction Casablanca pour affronter la Guinée le 6 juin, puis le Zimbabwe le 10. Objectif minimum annoncé par la Fédération : quatre points pour rester dans la course mondiale.
Dernier regard au stade
Tandis que les projecteurs s’éteignent, quelques jeunes supporters érythréens imitent le pas de danse d’Adje Adebayor sur la piste d’athlétisme. L’un d’eux lance, dans un mélange de tigrinya et de haoussa : « Le foot est revenu, qu’il ne reparte plus ! » Une phrase simple, vibrante, qui traverse la nuit d’Asmara et rejoint, par les ondes, toutes les familles qui, au Niger, rêvent toujours d’un ticket pour 2026.
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