Un concert populaire à Zinder
Mardi soir, la cour du Centre culturel nigérien de Zinder a vibré au son de Lionne Girl Tendresse. Annoncé depuis le 1ᵉʳ juin, le spectacle proposait des tarifs accessibles : 1 000 FCFA pour les enfants, 2 000 FCFA pour les adultes et 5 000 FCFA en VIP. Devant quelque 300 sièges installés en plein air, collégiens, apprentis tailleurs, agents de commerce et mères de famille ont entonné le refrain bilingue haoussa-français de « Tendresse forever », mis en ligne une semaine plus tôt. Le show a commencé à 19 h pile et les amplis se sont tus à 21 h 30 pour respecter le couvre-feu, laissant derrière eux une odeur de brochettes et le vrombissement des taxis-motos qui ramenaient la foule chez elle. Dans les ruelles voisines, Aïchatou, vendeuse de jus de tamarin, confiait : « Quand la sono s’éteint, on continue de fredonner sur la route… ».
Un hymne qui unit trois capitales
La veille, lundi 9 juin à 11 h 24, la place du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, à Niamey, accueillait la première exécution officielle de l’hymne de l’Alliance des États du Sahel (AES) en présence du chef de l’État et des représentants du Mali et du Burkina. Né d’un concours populaire clos le 10 mai, ce chant célèbre souveraineté, solidarité et résilience. Le ministère nigérien de la Culture a annoncé la diffusion prochaine de la partition dans les écoles afin d’ancrer ces notes dans les cours de récréation. « On avait un drapeau et un logo ; maintenant, on peut enfin chanter ensemble », se réjouit Adama, élève-maître à l’École normale.
Le campus se transforme en galerie
Mardi après-midi, la place AB de l’Université Abdou Moumouni, toujours à Niamey, a lancé la deuxième édition d’Univ’Art. De 16 h 30 à 18 h 30, fresques géantes sur draps recyclés, performances slam et débats thématiques ont exploré le mot d’ordre : « Imaginer le Sahel de demain ». L’initiative veut rapprocher filières scientifiques et faculté des Lettres grâce à un concours de courts-métrages tournés sur smartphone. « On parle souvent de crise, mais aujourd’hui on se rassemble pour créer. C’est ça la meilleure réponse », souligne Mahamadou, doctorant en agronomie.
Pourquoi ces 48 heures comptent
En deux jours, trois événements, un concert populaire, un hymne fédérateur et un festival universitaire, ont touché familles à faibles revenus, étudiants et commerçants. À Zinder, l’affluence nocturne a dopé les ventes de brochettes et les courses de taxis-motos, tandis que, sur le campus de Niamey, les taxis collectifs tournaient à plein régime en journée. Surtout, l’hymne de l’AES offre désormais un refrain commun aux trois pays sahéliens, preuve qu’une même scène peut être, tour à tour, populaire et académique.
Et maintenant ?
Les organisateurs annoncent déjà une deuxième date pour Lionne Girl samedi si la demande se confirme, tandis qu’Univ’Art reprendra jeudi avec un atelier d’art numérique pour lycéens. De son côté, le ministère de la Culture prévoit d’envoyer la partition de l’hymne aux radios communautaires afin d’accompagner les chorales scolaires dès la semaine prochaine.
Au carrefour de la Mosquée des Enfants, un haut-parleur diffuse le remix de « Tendresse forever » pendant qu’un groupe d’étudiants fredonne déjà les premières notes de l’hymne tout neuf. Ici, les mélodies passent de téléphone en téléphone, signe qu’une chanson, quand elle touche juste, voyage toujours plus vite que les bus inter-région.
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