Logements sociaux, forte chaleur : Niamey sous forte pression

Fairfair, Journaliste
4 Jun. 2025
Mardi 3 juin, 18 h 30, sur la poussiéreuse route menant à la cité Diaspora : les marteaux résonnent encore quand le colonel Abdoulkadri Amadou Daouda quitte le chantier. Autour de lui, des ouvriers essuient leur front sous un ciel qui ne lâche aucun nuage. À quelques rues, des vendeuses d’eau glacée crient déjà « Koula ! » pour rafraîchir les passants. Deux jours avant la Tabaski, Niamey vit un double défi : bâtir vite des maisons promises et supporter une chaleur qui tape sans relâche.

Visite ministérielle attendue

Le nouveau ministre de l’Urbanisme est arrivé tôt, bottes couvertes de sable, pour « voir de près » l’avancement des 155 maisons financées par la Banque de l’Habitat du Niger. Selon les fiches techniques lues sur place :

  • 60 % des travaux sont bouclés, coffrages et toitures compris ;
  • un second lot de 103 logements vient d’entrer dans la phase de fondations ;
  • l’objectif officiel reste une remise des clés « avant les premières pluies de fin juin ».

Autour des briques encore chaudes, Aïssata, vendeuse de fruits au carrefour Goudel, glisse : « Si les loyers baissent, c’est un souffle pour nos enfants. » Son voisin Brah, jeune menuisier, rêve déjà de décrocher des commandes de portes intérieures : preuve que le chantier fait bouger d’autres métiers.

Des chiffres qui parlent

  • 1,5 milliard FCFA mobilisés jusqu’ici, selon l’ingénieur en chef.
  • 280 ouvriers recensés mardi midi, dont 40 % de jeunes formés sur le tas.
  • 3 équipes se relaient pour couler le béton dès 5 h, avant le pic de chaleur.
  • Dernier contrôle qualité prévu le 7 juin, juste après la fête.

Chaleur extrême et risques

Ce mercredi 4 juin, le thermomètre officiel affiche 40,5 °C à 15 h dans le centre-ville ; la météo prévient que la température ressentie peut grimper encore d’un degré. Les médecins de quartier conseillent de boire un litre d’eau par heure, mais les ouvriers admettent qu’ils « n’y arrivent pas toujours ». Le syndicat du bâtiment demande des abris d’ombre supplémentaires, surtout pour les manœuvres qui portent les sacs de ciment.

« On fait des pauses plus courtes, sinon le béton prend mal », explique Sani, contremaître, en serrant son casque devenu brûlant.

Ce que vivent les ménages

  • Budget serré : beaucoup consacrent déjà une part du salaire de mai à l’achat du mouton de Tabaski, laissant peu pour la rentrée scolaire.
  • Logement espéré : les fonctionnaires inscrits au programme guettent la remise des clés pour échapper aux loyers qui flambent dans les périphéries.
  • Santé en alerte : la température nocturne reste au-dessus de 30 °C, compliquant le sommeil des personnes âgées et des enfants asthmatiques.
  • Solidarité locale : des associations distribuent des sachets d’eau fraîche aux maçons en fin de journée et organisent le covoiturage vers les points d’ombre.

Actions promises

  • Le ministère dit vouloir installer un point d’eau supplémentaire et trois tentes d’ombre sur le chantier dès jeudi matin.
  • Une cellule mobile de soins doit venir chaque après-midi pour surveiller la tension artérielle des travailleurs exposés.
  • Les chefs de quartier de Goudel et Saga négocient un prix groupé pour le transport de matériaux, évitant des surcoûts liés au carburant chauffé à blanc.
  • Les responsables religieux, eux, rappellent aux fidèles que la charité « commence par donner un verre d’eau à celui qui travaille au soleil ».

Une voix du terrain

En refermant la portière de son camion de briques, Mahamadou lâche : « Cette chaleur ne plaisante pas, mais la maison ne se construit pas toute seule ; si Dieu veut, on priera bientôt sous un toit neuf. » Ses mots, lancés dans la poussière ocre de la fin d’après-midi, résument l’espoir têtu de Niamey : tenir bon, même quand le soleil frappe dur, pour qu’un jour les familles posent leurs valises dans un foyer enfin à l’abri.

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